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Adama Sangaré, en exclusivité sur Malijet : je souhaite que les populations adhèrent aux réformes à venir

Dans une interview qu’il nous a accordée, le maire du district de Bamako, Adama Sangaré, revient sur beaucoup de sujets qui préoccupent les Maliens : la circulation et l’assainissement au niveau de Bamako, la convention avec Ozone-Mali, le dossier de la zone aéroportuaire, les réformes à venir. Bref, le maire du district parle…..

Le maire du district, Adama Sangaré, en exclusivité sur Malijet : «je souhaite que les populations adhèrent aux réformes à venir »

Le maire du district, Adama Sangaré, en exclusivité sur Malijet : «je souhaite que les populations adhèrent aux réformes à venir »

Posted by Malijet on Friday, January 25, 2019

Malijet.com : Monsieur le maire bonjour ! Nous sommes combien de millions d’habitants à Bamako ?

Adama Sangaré : Disons que la démographie est un galopante à Bamako. Actuellement nous dépassons les quatre millions d’habitants.

Alors, nous constatons que dans la ville de Bamako il y a trop d’engorgement. La ville est étouffée. Qu’est-ce que vous êtes en train de faire pour désengorger la ville de Bamako ?

Vous avez parfaitement raison. Depuis 2010, nous avons senti cet engorgement venir. Pour cette raison, nous avons pensé qu’il faut aller vers ce grand Bamako. Regardez Kalaban coro qui fait frontière avec Kalaban coura et on dit que Kalaban coro ne fait pas partie de Bamako. Pareil pour Sangarébougou qui jouxte Boulkassoumbougou. Moribabougou et Titibougou qui sont pratiquement des quartiers de Bamako qui, nécessairement influent sur la démographie de Bamako. Tous ces habitants viennent à Bamako de 9 h à 16 h et nécessairement ça fait un bouchon. Donc, ce sont des cités dortoirs. Ils viennent faire leurs activités à Bamako et c’est pour cette raison que nous avons dit d’aller vers ce grand Bamako avec nos partenaires. L’AFD nous a compris à l’époque en nous aidant à faire Bamako horizon 2030 pour que nous puissions aller à une inter collectivité avec les 22 communes riveraines de Bamako par lesquelles Bamako va se développer. Et c’est à ce niveau que nous pourrions faire des voies de sorti, des échangeurs, des voies de contournement afin que les gens puissent avoir une fluidité dans la circulation.

Est-ce que il n’y a pas un problème d’organisation pour mettre fin à cet embouteillage ?

Je pense qu’avec le Groupement mobile de sécurité (GMS) et le ministère des Transports, nous essayons effectivement d’apporter un changement qui puisse aller dans le cadre de soulager la population de cette mobilité. Toutes les propositions sont les bienvenues. Mais nous pensons qu’il faut nécessairement faire des voies de contournement et développement, davantage de réseau routier vers ces autres communes qui ne sont pas dans Bamako et avec lesquelles Bamako aura une étroite collaboration.

Pendant la campagne présidentielle, il y a un candidat qui a proposé la création d’une nouvelle ville entre Bamako et Koulikoro. Est-ce que vous ne pensez pas aujourd’hui qu’il est arrivé un moment où il faut délocaliser la capitale politique ?

Mais la nouvelle ville qu’Alpha Oumar Konaré avait proposée, c’était l’ACI 2000. C’était presque une forêt. Entre Bamako et Koulikoro, les 50 Km sont pratiquement dépassés. Moi, je pense qu’il faut reconstruire la ville de Bamako. Les 22 communes qui sont dans les alentours de Bamako, on doit penser que c’est tout ça Bamako. Déjà en 2010, dans le cadre de la réorganisation administrative, nous sommes allés à dix communes. Donc est-ce que nous allons nous limiter à ces dix communes ? Je pense qu’il faut ajouter les autres communes et que ces communes puissent se développer. Essayons de voir ce que les dix communes regroupés vont donner avant de penser au déplacement de la capitale. Il va falloir que dans le cadre de la régionalisation, les régions puissent être dotées de capacité de réalisation assez forte avec des ressources convenables, et voir quel sera la nouvelle figure du grand Bamako.

Votre projet « Bamako ville lumière » qui vise à apporter beaucoup de lumière pour lutter contre l’insécurité doit se réaliser dans l’horizon 2030. Comment comptez-vous procéder ?

« Bamako ville lumière » n’a rien à voir avec « Bamako horizon 2030 ». « Bamako ville lumière » est une projection faite par une société partenaire qui éclaire la ville pour les fêtes de fin d’année. La société, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, va voir un partenaire qui finance pour que cette entreprise soit plus visible. Ils sont là pour un mois pour les fêtes de fin d’année à la place des feux d’artifices et autres. Et aujourd’hui, beaucoup de sociétés ont adhéré. Mais ça n’a rien avoir avec l’éclairage public de Bamako. C’est totalement diffèrent du développement et l’éclairage public de Bamako.

Revenons un peu aux élections régionales qui ont été reportées au mois de mars. Vous avez à faire à des candidats comme l’ancien Premier ministre, Moussa Mara ; il y a aussi Me Demba Traoré de l’URD. Est-ce que vous vous préparez en conséquence pour les affronter ?

C’est une question régulière qui revient traditionnellement. Je pense que j’ai du respect pour tous les candidats. Autant j’ai du respect pour ces candidats, autant je pense qu’ils ont tous leur rôle à jouer dans le développement de la ville de Bamako. Et aucun candidat ne peut faire peur à un autre. Chacun va apporter son projet de société et le dernier mot revient à la population de Bamako.

Parlez-nous un peu de « Bamako horizon 2030 » ?

Dans « Bamako horizon 2030 », on a décidé de faire en sorte que l’ensemble des communes riveraines se développent avec Bamako. Cela veut dire qu’il faut des nouvelles centralités en dehors de la place du souvenir. Qu’on arrive à sédentariser les gens vers la rive gauche, vers le Mandé et Moribabougou afin que tous les matins, les gens ne vont pas vers les ponts. Ce sont ces différents projets de développement que nous avons muri et que nous voulons exécuter pour le bonheur de la ville de Bamako. C’est un projet qui a été exposé au niveau de beaucoup de foras et au fur et à mesure nous l’actualisons. Et ce projet rentre dans le cadre du projet de rénovation du président de la République dont un certain nombre d’images ont été projetées lors des 100 jours du président IBK.

Monsieur le maire, quelle est la place de l’assainissement dans ce projet « Bamako horizon 2030 » ?

La place de l’assainissement est immense. C’est pourquoi nous avons dit qu’il faut obligatoirement que les 22 communes qui entourent Bamako acceptent d’y aller. A Bamako aujourd’hui, il ni y a pas de décharge finale. La seule décharge finale est à Noumoubougou à 32 km de Bamako et pratiquement dès le début la conception a manqué. On a besoin aujourd’hui d’avoir 4 décharges finales à Bamako et de transformer les ordures. C’est dans ce combat que nous sommes depuis pratiquement 10 ans. Quel que soit la politique, il faut obligatoirement que l’Etat suit. Donc, l’assainissement a une place de choix dans « Bamako horizon 2030 ».

On parle d’assainissement dans beaucoup de projets. Finalement on se demande à quoi ça abouti. Tout récemment nous avons vu des populations mécontentes déverser des ordures sur le goudron !

On ne peut pas assainir la ville sans les citoyens. Que les gens acceptent qu’ils ont un devoir de payement de taxes. Les gens pensent qu’ils n’ont que des droits, pas de devoirs. L’Etat fait ce qu’il peut. L’ordonnance 78 de la création de la ville de Bamako dispose que chaque année l’Etat doit donner une subvention spéciale d’assainissement de la ville de Bamako et ça n’a jamais été le cas. Et le président de la République après contrôle a instruit le gouvernement de régler cette situation que nous attendons encore. Quand vous ajoutez ça au fait que les gens ne veulent ni payer les taxes encore moins la TDRL, comment voulez-vous penser qu’on puisse avoir des ressources pour nettoyer la ville de Bamako. Chaque fois que je suis face à la presse, je le dis. Et cette année j’ai dit aux syndicats qu’avant le 30 mars je vous prie que l’ensemble des travailleurs des mairies puissent exhiber leurs ressources de TDRL, et de même j’ai souhaité que l’ensemble des membres du conseil le fasse et qu’ils dupliquent l’information dans les six communes de Bamako et les 22 communes de l’inter collectivité afin que nous puissions montrer l’exemple que la taxe doit être payée.

N’y a-t-il pas un moyen de pression ?

Les moyens de pressions que nous avons, sont les mariages. Quand les gens viennent, on les force à payer trois années de TDRL et si vous voulez avoir un acte sur le foncier, on vous force à payer aussi trois ans de TDRL. Mais je pense que c’est insuffisant. Il faut que les gens viennent à la collectivité pour une prestation déterminée pour que nous exigions le reçu. La décentralisation peut faire décoller le Mali et que les gens comprennent que la participation au développement est volontaire.

A l’Adéma, on parle d’un congrès extraordinaire !

C’est ma première information. On ne prépare pas comme ça un congrès. Ça se prépare au niveau de l’appareil dirigeant et pour l’instant, au niveau des comités, le congrès extraordinaire n’est pas à l’ordre du jour.

Au niveau de la zone aéroportuaire il y a des mécontents. Certains ne partagent pas votre vision. Quel message avez-vous à leur endroit ?

Dans la vie je pense qu’on ne peut jamais avoir l’unanimité. Même Dieu qui nous a créés ne fait pas l’unanimité. Donc en tant qu’individu je ne peux pas prétendre à l’unanimité. Au fait, pour comprendre le problème de la zone aéroportuaire, il faut avoir le plan. L’Asecna avait demandé en son temps la réduction de cette zone. Naturellement dans le cadre d’un litige foncier, il ne peut pas avoir que des contents. C’est cela la responsabilité et nous allons gérer.

Monsieur le maire, il y a un communiqué qui a circulé, faisant état de l’arrêt de la délivrance des vignettes des engins à deux roues. Pourquoi ?

Vous savez, généralement avant la fin de l’année, nous faisons un appel d’offre pour demander la confection des vignettes de l’année suivante. L’entreprise qui a eu le marché de la confection des vignettes travaille à l’extérieur du Mali. L’entreprise avait annoncé un nombre de vignettes à venir. Ce qui était venu était insuffisant. Et les vignettes étaient chargées dans les camions à partir du Sénégal et les 72 h de grève que le pays a connues a fait qu’il y a eu la rétention de ces camions au niveau du Sénégal. C’est pour cette raison que j’ai souhaité la suspension afin que les gens attendent dix jours pour que les populations ne viennent pas attendre devant la mairie.

Nous constatons que la criminalité augmente de jour en jour à Bamako. Est-ce qu’il n’y a pas lieu de réfléchir sur le phénomène ?

La nuit quand je sors, je fais le tour de la ville et je vois les forces de police en relation avec la Minusma et EUTM qui encadrent la ville et ce n’est pas seulement la nuit. Même en pleine journée, je constate qu’il y a moins de véhicules non immatriculés qui circulent aussi.

En perspectives, il y a beaucoup de réformes à venir notamment le découpage territorial, la Constitution. Quel est votre point de vue sur ces questions qui ne font pas l’unanimité au sein de la classe politique ?

Je souhaite que les populations y adhèrent. Je vous ai dit tantôt que Bamako à six communes est dépassée. Aujourd’hui, est-ce que dans le cadre de la réorganisation administrative l’Etat ne consulte pas ? Pour une fois, l’Etat va concerter les populations pour que les uns et les autres adhèrent au projet.

Beaucoup de gens pensent aujourd’hui qu’Ozone Mali a échoué. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

Dès le début nous avons fait comprendre à l’Etat que la ville de Bamako n’a pas les moyens de signer cette convention encore moins la redevance qu’Ozone demande. Et très rapidement les problèmes de payement se sont posés. Aujourd’hui, il faut reconnaitre qu’Ozone fait semblant de travailler. Le gouvernement a pris le dossier et nous sommes en train d’aller vers un moratoire afin que la salubrité puisse revenir. Il faut déjà auditer pour dire qu’Ozone a échoué ou pas. Est-ce que les engagements d’Ozone ont été respectés ? Est-ce que la partie malienne a respecté ses engagements ? C’est en fonction de ça qu’on peut savoir s’il y a eu échec ou pas.

Au niveau de la ville de Bamako, nous avons constaté qu’il y a de plus en plus des manifestations qui sont interdites. Des responsables politiques sont gazés. Qu’est-ce qui fait ça ?

Je pense que c’est une seule manifestation qui a été interdite de façon réelle.

Non, deux

Donc vous parlez de deux manifestations sur combien ? Quand vous dites que c’est deux qui ont été interdites cela veut dire que c’est l’exception qui confirme la règle. Il faut reconnaitre qu’un Etat aussi doit organiser les manifestions en son sein. C’est dans ce cadre que le gouvernement a voulu protéger les populations. Et je pense que c’est le devoir de l’Etat et du gouvernement de sécuriser les populations et leurs biens. Le gouverneur est dans son rôle et le gouverneur, c’est l’Etat. Il a le souci de la sécurité de la population et je pense qu’il est à féliciter.

Une question concernant les espaces verts. Vous avez une brigade qui protège ces espaces. Est-ce que ce n’est pas mieux de réorganiser cette brigade ?

La Brigade urbain de protection de l’environnement est une brigade qui doit être réorganisée avec beaucoup plus d’éléments. En réalité, c’est le rôle de la police municipale que joue la Bupe. A certains moments, ils sont obligés de sanctionner pour que les gens comprennent qu’ils sont là pour eux-mêmes. Dans dix ans j’espère que la population comprendra qu’elle a un rôle à jouer. Dans dix ans je pense que la presse aussi comprendra qu’elle a rôle à jouer. Dans dix ans je crois que Bamako horizon 2030 aura fait son chemin afin que les populations comprennent qu’elles n’ont pas que des droits mais aussi des devoirs.

Interview réalisée par A. Diakité

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