la 2ème édition du Dialogue Politique Afrique de GSEF
Les dysfonctionnements socio-institutionnels qui empêchent l’épanouissement de larges couches de la population Africaine trouvent leurs racines dans un environnement où les principaux acteurs du développement local ont été, pendant très longtemps, en dehors des processus de prise de décision ou sont faiblement impliqués dans la gouvernance locale. Or, il ne saurait être question de développement local sans une gouvernance locale inclusive, c’est-à-dire une participation effective des diverses catégories d’acteurs à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques et plans de développement de leurs localités.
Ce problème d’insuffisance de participation effective des acteurs de base à la définition et à la mise en œuvre du développement local impacte assez négativement le potentiel de développement économique global du continent.
L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est perçue, à raison, comme l’une des meilleures alternatives pour l’accès des personnes économiquement vulnérables aux services et équipements socio-collectifs de base. Celles-ci se regroupent au sein de diverses formes d’organisations sociales (coopératives, groupements d’intérêt économique, mutuelles, associations gestionnaires …), si elles en ont l’opportunité, pour pouvoir entreprendre collectivement des activités économiques et professionnelles leur permettant de vivre dignement.
Grâce aux pratiques inclusives de l’économie sociale et solidaire, les populations se sortent elles-mêmes du cercle vicieux de la pauvreté et peuvent améliorer durablement leur mode de vie.
Dans cette perspective, le développement économique local, à travers, la valorisation des savoirs et potentialités des territoires en réponse aux besoins réels des citoyens, permet d’accélérer le développement social en renforçant les possibilités offertes aux groupes défavorisés d’accéder aux services et équipements sociaux de base: en matière de santé et d’éducation (à travers les mutuelles et associations communautaires); de mise à disposition de logements décents (grâce aux coopératives d’habitat social); de création d’emplois décents (coopératives, groupements d’intérêts économiques, mutuelles); de fourniture d’équipements de production et fonds de démarrage/développement d’entreprises (finance solidaire, investissements responsables, placements éthiques…).
Le renforcement de cette alternative de l’économie sociale et solidaire apparaît donc comme un axe stratégique majeur pour la construction de perspectives et d’espaces intégrateurs dans les processus de développement local.
L’Économie Sociale et Solidaire est donc un chantier très vaste et complexe mais le plus porteur pour la résilience des populations, face aux défis de la transition des territoires. L’Organisation des Nations Unies considère ainsi que l’ESS est au cœur des solutions pour répondre aux enjeux du développement durable. En effet, les entreprises de l’économie sociale et solidaire sont gérées selon des normes et des principes de gestion économiquement rentable et écologiquement viable. L’ESS favorise en outre un développement partagé durable et propose des solutions locales adaptées aux nécessités de chaque territoire et de ses habitants, et peut ainsi contribuer à une approche élargie du développement économique local.
Néanmoins, il existe des obstacles à l’essor de ce modèle économique alternatif qui sont liés, entre autres, à la faiblesse du cadre juridique et législatif, au manque de reconnaissance et de visibilité du secteur dû au faible nombre d’indicateurs éprouvés pour mesurer scientifiquement les changements qualitatifs que l’ESS apporte, à la sous-estimation du poids réel de cette branche économique dans les pays (notamment le secteur informel) et à l’accès et l’obtention des financements. Ces constats sont particulièrement prononcés dans les pays en développement et plus particulièrement en Afrique.
Les collectivités territoriales ne peuvent certainement pas résoudre tous les problèmes de développement local, mais elles ont le devoir régalien de créer et promouvoir le cadre propice aux initiatives porteuses de solutions viables et durables, telles que l’économie sociale et solidaire. En outre, la vocation de développement économique local des collectivités territoriales africaines, qui intègre la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, peut être renforcée à travers des stratégies, politiques et des programmes basés sur les principes et valeurs de l’ESS (solidarité, équité, égalité, transparence, collégialité…).
Il est donc salutaire pour les collectivités locales de s’approprier, systématiser, partager les bonnes pratiques de l’économie sociale et solidaire et de les accompagner davantage à travers des cadres législatifs et réglementaires adéquats, des dispositifs de formation, d’entrepreneuriat social et de financement solidaire pérens et qui répondent aux besoins et caractéristiques intrinsèques de ses nombreux acteurs (notamment en ce qui concerne les femmes et les jeunes).
Dans ce contexte, ce Dialogue Politique Afrique du GSEF (le premier se déroulant sur le continent africain suite à l’édition inaugurale qui s’est déroulée en marge du GSEF2018 à Bilbao) apparaît comme le cadre idéal de mutualisation des savoirs et bonnes pratiques et de proposition d’actions pour le développement de l’économie sociale et solidaire en Afrique, et plus particulièrement en Afrique francophone de l’Ouest.
Dans les pays africains, l’importance et l’envergure de l’économie sociale et solidaire s’accroissent considérablement. Quel état des lieux peut-on dresser de l’ESS en Afrique francophone de l’Ouest ? Comment l’ESS contribue-t-elle au développement économique local des territoires et favorise-t-elle l’inclusion ? Comment promouvoir et valoriser cette économie, et partager les bonnes pratiques ? Comment développer un cadre réglementaire pour accroître la prise en compte de ce modèle économique dans la mise en œuvre des politiques publiques locales et nationales? Voici quelques-unes des questions qui guideront les échanges pendant ce Dialogue.
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